15/05/2019 - 11:16
Le cri d'alarme des urgentistes
<h3>Le personnel des urgences du centre hospitalier de Dieppe est en grève. Il dénonce des moyens insuffisants et réclame la mise en place de dispositifs de sécurité renforcée et une meilleure reconnaissance de la pénibilité de leur travail. Explications.</h3>
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<p>Chaque jour, entre 120 et 130 patients se rendent aux urgences. Des chiffres impressionnants qui ne cessent de croître. « Notre activité a augmenté de 7 % depuis janvier, constate Alison Leclerc, infirmière au sein du service des urgences. Cela s'explique notamment par la baisse du nombre de médecins de ville. Et c'est évidemment de plus en plus difficile de faire face. »</p>
<p>Dans un tel contexte, la question des moyens pour permettre au personnel soignant d'assurer la prise en charge des patients dans les meilleures conditions est pointée du doigt. « Le manque de personnel est évident mais celui du matériel de plus en plus vétuste et inadapté l'est tout autant, s'insurge Laetitia Dué, aide soignante, syndiquée à la CGT. Un audit vient d'être lancé par la direction de l'hôpital et nous y sommes associés. Ils se sont engagés à nous communiquer les conclusions fin juin. Mais il est inconcevable que cela ne se traduise pas par un renforcement des effectifs et un renouvellement des équipements. »</p>
<p>Des lits en mauvais état, des portes de sécurité qui ne ferment pas, des chaises roulantes qui ont fait leur temps, des électrocardiographes qui ne tiennent pas la charge… La liste du matériel défectueux s'est allongée et les urgentistes n'imaginent pas un instant qu'une enveloppe ne leur soit pas allouée pour le remplacer.</p>
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<p><strong>Des agressions insupportables</strong></p>
<p>En même temps qu'une réorganisation en profondeur apparaît aujourd'hui nécessaire. « Nous assurons en même temps et dans un même lieu les urgences classiques mais aussi les urgences psychiatriques et pédiatriques. On comprend bien que ce n'est pas adapté », signale Alison Leclerc.</p>
<p>La pression est forte. Et le public accueilli témoigne de plus en plus de signes d'agacement à l'égard du personnel. « Il ne se passse pas une journée sans que nous nous fassions agresser verbalement et de plus en plus physiquement, déplore Laetitia Dué. Le personnel est majoritairement constitué de femmes. Ces derniers temps, nous devons régulièrement faire appel à des brancardiers, dont ce n'est pas la mission, d'assurer notre sécurité car aucun service dédié n'existe à l'hôpital. »</p>
<p>Face à cette situation, des banderoles ont été installées à l'entrée des urgences et, comme dans de nombreux établissements en France qui sont confrontés à la pénurie de moyens, le personnel s'est mis en grève. Une action symbolique car l'offre de soin doit être bien sûr maintenue mais qui démontre la profondeur du malaise.</p>
<p>Les représentants du personnel ont rencontré mardi 14 mai la direction du centre hospitalier pour exiger la mise en place rapide de mesures de sécurité mais aussi une prime reconnaissant la pénibilité des missions accomplies aux urgences. « Ces renvendications sont légitimes, assure le maire Nicolas Langlois, qui soutient le mouvement. Il est ici question d'un enjeu de santé public majeur. Ce sont des vies humaines qui sont en jeu avec des situations souvent extrêmes. L'Etat doit cesser de faire des économies sur la santé et il n'est pas concevable que dans une ville comme la nôtre, les habitants ne puissent pas bénéficier d'un accès aux soins d'urgence digne de ce nom en même temps qu'on ne peut accepter que des agents hospitaliers qui s'investissent avec leurs tripes dans ces missions fondamentales ne puissent le faire sans les moyens et la protection nécessaires. »</p>
<p>L'élu s'est engagé à relayer, aux côtés du député Sébastien Jumel les doléances des urgentistes auprès le ministre de la santé, Agnès Buzyn.</p>
<p>© Personnel des urgences du centre hospitalier</p>
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