09/11/2018 - 11:12
La scolarisation d'enfants autistes expérimentée
<p><strong>Depuis lundi 5 novembre, 7 élèves avec trouble du spectre de l’autisme sont accueillis à l’école Louis-de-Broglie, au sein de l’une des cinq unités expérimentales mises en place au plan national. Le résultat d’un partenariat entre la Ville de Dieppe, l’Éducation nationale, l’agence régionale de santé et l’association Apajh.</strong></p>
<p>Il aura suffi de quelques semaines de concertation et de travaux. Lancée pendant l’été, la création d’une unité d’enseignement élémentaire en milieu ordinaire pour enfants avec trouble du spectre de l’autisme s’est concrétisée à Dieppe dans un temps record grâce à un partenariat exemplaire entre la Ville de Dieppe, les services de l’Éducation nationale, l’Agence régionale de santé (ARS) et l’association Apajh, avec le Sessad centre Henri-Wallon de Dieppe. Sitôt connue l’instruction interministérielle parue le 18 août dernier, les différents partenaires se sont mis en situation d’activer ce dispositif innovant, plaçant Dieppe parmi les cinq premières villes de France à l’expérimenter, aux côtés de Toulouse, Versailles, Vaux-en-Velin et Amiens.</p>
<p>Résultat, deux salles classes ont été aménagées spécialement pendant les vacances de la Toussaint afin d’accueillir les élèves au sein de l’école élémentaire Louis-de-Broglie. Éclairages, isolation phonique, peinture, mobilier et organisation de l’espace ont été revus selon les préconisations de spécialistes. Ces aménagements ainsi que le dispositif ont été présentés à la presse locale ce jeudi 8 novembre, en présence de Nicolas Langlois, maire de Dieppe, Emmanuelle Caru-Charreton, adjointe à l’Éducation Laurence Salley, inspectrice de l’Éducation nationale, Rachel Mangeot, Directrice des établissements 76 pour la Fédération APAJH et Thomas Wallaert, directeur de l’école Louis-de-Broglie. Toutefois, le projet financé à hauteur de 100 000 € par l’ARS va bien au-delà de l’aménagement d’un espace dédié : <em>« il s’agit de réunir les conditions d’une véritable inclusion dans les classes et dans tous les moments de la vie scolaire »</em>, a insisté Rachel Mangeot : vie de classe mais aussi repas et récréations.</p>
<p>Pour Laurence Salley, l’objectif est que chaque enfant puisse intégrer la classe dans laquelle il est inscrit (du CP au CM2) grâce à l’accompagnement mis en place sur cette unité : une enseignante spécialisée volontaire, un accompagnant des élèves en situation de handicap, avec la présence d’un éducateur spécialisé et d’un accompagnant éducatif et social, soit quatre adultes à temps plein. Un accompagnement fort au bénéfice des enfants et de leur famille, mais aussi des équipes enseignantes qui trouvent ainsi un point d’appui pour favoriser l’inclusion de chaque élève comme l’a souligné Thomas Wallaert.</p>
<p>Pour Nicolas Langlois, maire de Dieppe, la mobilisation des services municipaux pour aménager les locaux de l’école Louis-de-Broglie dans un délai contraint, <em>« est cohérente avec le projet éducatif municipal qui privilégie l’épanouissement de chaque enfant, le respect de son rythme chronobiologique, la co-éducation et l’inclusion de tous les enfants. Une ambition qui doit être suivie de moyens, par tous les acteurs</em>, prévient l'élu. <em>Voilà pourquoi, nous soutenons le mouvement pour que chaque enfant en situation de handicap puisse avoir un(e) assistant(e) de vie scolaire (AVS) ou un AESH à ses côtés. Voilà pourquoi nous travaillons sur l’accessibilité de nos établissements scolaires. Voilà pourquoi, il allait de soi qu’il fallait dire oui à l’installation d’une unité pilote à Dieppe. L’émotion des parents et enfants au moment de la rentrée ce 5 novembre prouve que nous avons eu raison de réagir aussi vite »</em>.</p>
<p>Sept élèves sont actuellement inscrits sur les dix places disponibles. Ils viennent de Dieppe et de tout le territoire, sur avis de la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH). Certains bénéficient de leur première scolarisation à temps complet. Prévue sur trois ans, cette expérimentation a vocation à s’élargir avec l’ouverture de 45 unités en France d’ici 2022. Pour y parvenir, l’expérience dieppoise sera évaluée. Nul doute qu’elle fera école.</p>
<p><strong>Qu’est-ce que l’autisme ?</strong></p>
<p>La problématique de l’autisme a été décrite pour la première fois par Léo Kanner, psychiatre américain, en 1943. Depuis, plusieurs disciplines (psychanalyse, sciences cognitives, génétique...) ont tenté de mieux comprendre ce syndrome et de développer des modes d’accompagnement adaptés aux personnes avec autisme. L’Organisation mondiale de la santé définit l’autisme comme un trouble envahissant du développement (TED), caractérisé par un développement anormal ou déficient, manifesté avant l’âge de trois ans, avec une perturbation caractéristique du fonctionnement dans chacun des trois domaines suivants : interactions sociales réciproques, communication, comportements au caractère restreint et répétitif.</p>
<p><em>Source Autisme et sensorialité, guide pédagogique pour l’aménagement de l’espace (Centre hospitalier de Rouffach à Colmar, Centre Ressources Autisme région Alsace Pôle Adultes du Haut-Rhin, Association Adèle de Glaubitz).</em></p>
<p><strong>Les unités d’enseignement en élémentaire autisme</strong></p>
<p>La création d’unités d’enseignement en élémentaire autisme (UEEA) réparties sur l’ensemble du territoire, dont cinq à la rentrée 2018-2019, s’inscrit dans la mise en œuvre de l’engagement n°3 de la stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neuro-développement (TND) 2018- 2022 de <em>« rattraper notre retard en matière de scolarisation ».</em> Les UEEA complètent l’offre de scolarisation pour les enfants avec TSA : les différentes modalités de scolarisation, que la stratégie nationale est venue renforcer, permettent une gradation de l’accompagnement et du parcours scolaire de chaque élève, à besoins éducatifs particuliers. Cette note de cadrage a pour objet d’accompagner la création des cinq premières UEEA0 à titre expérimental. Un cahier des charges applicable aux UEEA sera élaboré ultérieurement en tenant compte notamment de l’expérience retirée de ces premières unités. Il aura vocation à s’appliquer à toutes les UEEA, non seulement celles qui ouvriront ultérieurement mais aussi celles qui seront créées à la rentrée scolaire 2018/2019 et dont les modalités de fonctionnement évolueront en conséquence. Les élèves scolarisés au sein de l’UEEA sont présents à l’école sur le même temps que les élèves de leur classe d’âge et bénéficient, sur une unité de lieu et de temps, d’interventions pédagogiques et éducatives se référant aux recommandations de bonnes pratiques de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) et de la Haute Autorité de Santé (HAS). Les UEEA associent un enseignant spécialisé et un AESH collectif de l’éducation nationale d’une part, un éducateur spécialisé et un accompagnant éducatif et social du secteur médico-social d’autre part. </p>
<p><em>© Photo : Erwan Lesné</em></p>
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